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6 janvier 2013

Tout votre sommeil, je le ferai fondre en me raclant la gorge.

Il est tard...si tard pour faire porter à la mort un dernier masque. C'est là toute votre pièce, toute votre tragédie, le monde pour scène et pour seul public l'infini. L'infini, et moi, parce que je sais qu'il est bien trop la nuit pour sortir dehors et offrir tout vos maquillages aux ténèbres. Mais vous avez voulu vous appeler "acteurs" jusque sous vos ongles, faire de vos peaux le meilleur déguisement pour souffrir en tout l'ordre d'une fleur : pour vivre. Il est trop tard pour moi parce que j'ai suivi la mort...dans toute sa lucidité, dans toute sa vérité. Je l'ai aimée jusqu'au matin pour m'éloigner de vous et de vos cœurs qui battent sur cinq actes. Et quand viendra l'heure du baisser de rideau, je ne vous applaudirai pas. Je scruterai partout vos pétales bien rangés pour consumer dans moi toutes les couleurs, toutes les odeurs bien lisses de vos vies. Je ferai fondre les glaciers de votre morale dans mon volcan du désordre. Il est tard...il est la nuit...et c'est avec du chaos pleins les mains que je saurai mon crime terminé, tout le cri du soleil, tout son jus, sa sève d'aubépine pèserons sur vos cernes. J'ai accroché votre drame et toute sa neige à mes sourcils d'été, à tout mon incendie, alors je sais comment bientôt vous finirez dans le jour et ses épines. Je vous ferai endurer tout le vacarme de mes ronces. C'est dans cet homicide que je chante partout, dans la toux assassine de ma plume, que je t'ai aperçue. Toi qui avais encore les yeux de l'arrogance, les mots de 16 ans et le sucre du printemps plein les joues...mais le printemps ne m'intéressait pas. Je t'ai laissé passer entre deux phrases pour ne pas attraper ton langage, jusqu'à ce jour où j'ai l'angoisse de la ride, et d'attraper la pupille grise. Je meurs tellement sans ton innocence. Pourtant si je dois haïr, tuer, vieillir, je veux que ce soit avec tes caractères illisibles... Je te revois sur le parvis de ma folie. Je te revois dans le froid des pavés, ou des brumes de mon encre. Je te revois, les cheveux mouillés des poèmes de la nuit et les mains pleines d'étoiles, de leur rire parfois, de tes larmes, souvent...Tu soutiens sur les épaules tous les soupirs du matin brodés par la rosée...ô ma petite, mon enfant du Soleil, tu as fini de brûler sous les affronts de la Lune, de porter partout la fièvre au coin de tes yeux. Je te revois, là, malade, chétive, un deuil muet dans la gorge, des ronces pleins les poumons et, dans le foie, tous les fantômes des grands écrivains. Comme tu souris mal...tu a les lèvres de la première fois que je te vois...ma toute petite, ces lèvres encore douces, de la vie parodiée que l'on aime rêver quand on a tes 16 ans...Les épines je te les apporte pour déchausser ta langue, pour qu'enfin elle avance pied nu dans les boyaux de mes mots...Pour que ton baiser soit arrogant, qu'il ne cache plus les parfums pâles des bouquets mais le vertige de la vie...toute la vie je te l'apporte sur les gerçures de ta lèvre, ce matin de tes yeux bleus. Ton baiser adolescent, j'ai osé y mettre les dents, le déchirer de mes rides, de mon geste de crépuscule. - parce que je veux que tu saches mieux que les autres enfants dans quel soir tu vis - Je te revois, ma toute petite, ma frénétique jeunesse, ta mèche anxieuse, ton pouls sec de désert, ta voix de mirage... Laisses moi m'y plonger...t'offrir à croquer l'amertume des chardons, te promettre les caresses d'une écorce. Je peux t'offrir tout ce désordre, toutes ces plaies : je peux t'apporter la vie que tu racontes, les histoires qu'on te dit, parce que je l'ai déjà souffert, que j'ai les papilles fatiguées par la cendre. Je peux t'offrir le sensible qu'à ton âge tous ignorent ; tout ce que ces adolescents te prétendent. Seulement, toi, ma toute fragile jeunesse, laisses moi ta sueur le matin, et ton rire le soir. La moiteur du manque que je ne connais plus... J'en ferai mon œuvre.
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  • On se perd loin sur les pétales salés. La voile, fleur de voyage, se déchire sous les larmes vertes qui tanguent au large, se brise sur tes paupières de roches, s'abbat au vent contre la falaise bleue de ton front, embrasse tes lèvres au courant d'affront.
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